Faisons le point entre ce qui est normal, ce qui ne l’est pas, et ce que notre ventre essaie de nous dire.
Les ballonnements, c’est un sujet qui revient énormément en consultation. Si vous êtes habituée à devoir ouvrir le bouton du pantalon l’après midi, ou à gonfler comme une montgolfière sans raison apparente… Vous êtes loin d’être seule.
Mais ce n’est pas parce que c’est courant que c’est « normal ».
Oui, un petit ballonnement de temps en temps, surtout après un gros festin, c’est normal. Mais quand c’est tous les jours, que ça dure des heures, que ça fait mal…
Là, c’est le corps qui envoie un signal d’alarme.
C’est quoi exactement être “ballonnée” ?
Le ballonnement, c’est cette sensation désagréable d’avoir le ventre gonflé, tendu, parfois comme une baudruche prête à exploser. Dans la majorité des cas, le ballonnement est fonctionnel : il vient d’une accumulation de gaz normale, mais que notre corps ressent plus fortement. C’est comme si notre ventre avait un radar un peu trop sensible.
📌 En réalité, la quantité de gaz chez une personne ballonnée est souvent la même que chez quelqu’un qui ne l’est pas ! Mais certaines zones de l’intestin sont plus sensibles, surtout quand :
- Le transit est lent (constipation),
- On garde les gaz au lieu de les relâcher,
- Le diaphragme et les muscles abdominaux ne bougent pas correctement.
Quand est-ce que c’est “normal” ?
Se sentir un peu ballonnée après :
- un repas copieux,
- une consommation inhabituelle de fibres ou de légumineuses,
- des boissons gazeuses,
- ou un aliment peu familier pour votre microbiote…
… c’est parfaitement normal. Votre tube digestif fait juste son boulot. Il digère, il fermente un peu, il produit des gaz. Pas de panique.
Quand faut-il s’en préoccuper ?
Le ballonnement devient un vrai signal d’alerte quand :
- Il revient souvent, voire tous les jours, peu importe ce que vous mangez.
- Il persiste pendant des heures ou s’aggrave au fil de la journée.
- Vous vous réveillez déjà ballonnée (c’est souvent lié à un SIBO – prolifération bactérienne de l’intestin grêle).
- Il est douloureux, pas juste inconfortable.
- Il s’accompagne d’autres troubles digestifs : gaz, constipation, reflux, diarrhée...
- Il influence votre vie : vos vêtements, vos repas, votre rapport à votre corps.
Dans ces cas-là, le ballonnement n’est pas une cause : c’est un symptôme. Un appel à explorer plus loin ce qui se passe dans votre système digestif.
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Pourquoi vous êtes ballonnée : à la recherche des coupables
Il est rare qu’un seul facteur explique les ballonnements. Le plus souvent, il s’agit d’un effet « mille-feuille » : plusieurs couches se superposent, et le ventre réagit. Explorons ensemble les principales coupables.
1. Vous mangez trop vite
C’est un grand classique — et pourtant souvent négligé. Manger en vitesse, debout, en travaillant ou en scrollant sur son téléphone empêche le corps d’activer le mode « repos et digestion » (vous savez, le fameux mode parasympathique, on en parle par ici : Comprendre son système nerveux ). Or, la digestion commence dans la tête : l’odeur, l’anticipation, le simple fait de regarder son assiette déclenche la production d’enzymes et d’acide gastrique.
👉 Si cette étape est zappée, vous avalez plus d’air, vous mâchez moins bien, et 20 à 30 minutes plus tard… le ventre se gonfle.
2. Vous avez des sensibilités alimentaires
Ce qui est anodin pour les uns peut être un déclencheur pour les autres. Parmi les aliments fréquemment impliqués : les produits laitiers, le gluten, certaines légumineuses ou fruits riches en FODMAPs.
👉 Un bon point de départ : tester un régime d’éviction (donc sans l’aliment suspecté) pendant 3 à 6 semaines.
👉 Vous avez l’impression de ne plus rien tolérer ? Cela peut indiquer un intestin hyperperméable. Dans ce cas, l’enjeu n’est pas de tout supprimer, mais plutôt de restaurer l’équilibre intestinal via un protocole en plusieurs phases, cela nécessite un accompagnement sur la durée.
3. Vous avez une faible acidité gastrique
Contre toute attente, beaucoup de troubles digestifs sont liés à une acidité gastrique insuffisante. Lorsque l’estomac n’est pas assez acide, les aliments stagnent, fermentent, et provoquent des ballonnements, rots, ou une sensation de digestion lente.
Signes à surveiller :
- Ballonnements 30 à 60 minutes après les repas (surtout riches en protéines),
- Satiété très rapide,
- Aliments non digérés dans les selles.
👉 Un indice biologique à explorer : un taux de chlorure supérieur à 105 dans les analyses sanguines peut suggérer une acidité insuffisante.
4. Vous souffrez de dysbiose intestinale
Vous avez revu votre alimentation, votre rythme de vie, et pourtant… Votre ventre reste gonflé ? Il est peut-être temps d’examiner le microbiote intestinal. La dysbiose, c’est un déséquilibre entre bonnes et mauvaises bactéries. Elle peut être liée à :
- un excès de stress,
- des traitements antibiotiques,
- une prolifération bactérienne dans l’intestin grêle (SIBO),
- Un excès de levures (Candida).
👉 Des analyses de selles sont nécessaires pour comprendre ce qui se passe dans les coulisses.
5. Vous êtes sujette à la constipation, même légère
Si vous n’allez pas à la selle tous les jours, ou que vous avez une sensation d’évacuation incomplète, les résidus stagnent, les gaz s’accumulent, la fermentation augmente. Résultat : un ventre gonflé, parfois douloureux.
👉Bon indice : si vous vous sentez soulagée après être allée aux toilettes, ou si vous ballonnez davantage en voyage, il est probable que la motilité intestinale soit en cause.
6. Vous êtes sujet aux déséquilibres hormonaux
Il est fréquent de constater une augmentation des ballonnement avant l’arrivée des règles. Ce n’est pas un hasard : la progestérone ralentit le transit, tandis que l’œstrogène favorise la rétention d’eau.
👉 Si vos ballonnements s’accompagnent de seins tendus, d’irritabilité ou de troubles de l’humeur, un déséquilibre hormonal est sans doute impliqué.
7. Votre ennemi : le stress
Impossible d’aborder le sujet du ventre sans parler du système nerveux. Le stress prolongé diminue l’acidité gastrique, ralentit la motilité, altère la flore intestinale, augmente la perméabilité de l’intestin… bref, il perturbe l’ensemble du processus digestif.
👉 Si vos symptômes s’amplifient en période de tension ou d’épuisement, il est temps de creuser cette piste.
8. Un mauvaise circulation de la bile
La bile est indispensable à la digestion des graisses. Si sa production ou sa circulation est insuffisante, les aliments gras ne sont pas bien décomposés. Cela peut entraîner :
- des ballonnements après un repas riche,
- des selles flottantes, brillantes ou collantes.
👉 Dans ce cas, un soutien du foie et de la vésicule biliaire peut être utile.
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Mais alors, on fait quoi ?
Quand on est ballonnée, on cherche souvent une solution rapide — et c’est bien compréhensible. C’est pourquoi les compléments anti-ballonnements et autres remèdes express se vendent si bien. Mais soyons honnêtes : la plupart sont des pansements. Ils soulagent un instant, mais ne traitent pas le fond du problème.
Voici ce qui fonctionne réellement sur le long terme — sans privation, mais avec une vraie logique de soutien au corps, jour après jour.
1. Mangez plus lentement et en pleine conscience
Prenez le temps de vous poser. Respirez avant de commencer, posez la fourchette entre chaque bouchée, et mastiquez jusqu’à ce que les aliments soient presque liquides. Cela aide le corps à activer son mode « digestion » et évite bien des désagréments. Quelques respirations profondes avant le repas peuvent suffire à changer toute la dynamique digestive.
2. Essayez les plantes amères
Elles sont redoutablement efficaces pour stimuler la digestion : artichaut, gentiane, pissenlit… Elles activent le nerf vague, favorisent la production d’enzymes, de bile et d’acide gastrique. Leur amertume est leur force : ne les diluez pas dans trop d’eau (60 ml max), car c’est justement ce goût qui déclenche la réponse digestive.
Quelques super tisanes à tester : Tisane Ventre Plat de L’Herboristerie du Palais Royal , tisane calmante et digestive , tisane spasmes digestifs.
3. Installez une routine d’élimination quotidienne
Hydratation suffisante, fibres bien dosées, activité physique régulière… Tout cela soutient un bon transit. Quelques outils simples :
- 10 minutes de marche après les repas,
- Un petit tabouret pour la position physiologique aux toilettes,
- Une cuillère de psyllium le matin à jeun diluée dans un verre d’eau,
- Autre astuce : faites tremper un pruneau sec dans un verre d’eau la veille au soir, laisser le dans son bain pendant 12h, puis le manger et boire le jus le matin à jeun.
4. Soutenez votre microbiote — de manière ciblée
Tous les probiotiques ne sont pas bons pour tout le monde. Il vaut mieux choisir des souches spécifiques :
- Lactobacillus plantarum : utile pour réduire la fermentation.
- Bifidobacterium lactis : aide au transit.
- Saccharomyces boulardii : lutte contre les levures pathogènes.
Si vous réagissez mal (ou pas du tout) à certains probiotiques, ce n’est pas une fatalité : cela peut simplement indiquer que votre intestin a besoin d’un autre type de soutien.
5. Prenez soin de votre système nerveux
Le ventre est un miroir de notre état émotionnel. Si vous avez tendance à tout garder pour vous, à vivre en tension ou à manquer d’espace pour souffler, votre intestin le ressentira. Des pratiques comme la respiration, la La cohérence cardiaque , ou encore le Chi Nei Tsang (massage énergétique du ventre) peuvent aider à relâcher ce qui est coincé… Et à libérer de l’espace, physiquement et symboliquement.
6. Simplifiez, simplifiez, simplifiez
Inutile de faire compliqué : un repas simple et digeste vaut mieux qu’un bol coloré mais archi surchargé. Remplacez les eaux gazeuses par de l’eau plate, limitez les combinaisons trop complexes dans une même assiette.
Votre système digestif aime la simplicité.
Pour conclure
C’est frustrant, parfois décourageant, de sentir que « tout est fait correctement »… et de souffrir quand même. Mais ce symptôme n’est pas là pour vous punir : il signale un déséquilibre, un besoin non entendu. Et surtout : il peut s’améliorer.
Pas besoin d’éliminer 30 aliments ni d’acheter 17 compléments. L’idée n’est pas de contrôler, mais d’écouter.
🔸 Commencez petit.
🔸 Soyez curieuse plutôt que critique.
🔸 Offrez-vous du temps.